H. Seibert u.a. (Hrsg.): Grafen, Herzöge, Könige

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Titel
Grafen, Herzöge, Könige. Der Aufstieg der frühen Staufer und das Reich (1079–1152)


Herausgeber
Seibert, Hubertus; Jürgen Dendorfer
Reihe
Mittelalter-Forschungen 18
Erschienen
Ostfildern 2005: Jan Thorbecke Verlag
Anzahl Seiten
440 S.
Preis
URL
Rezensiert für infoclio.ch und H-Soz-Kult von:
Gilbert Coutaz

La fin du royaume de Bourgogne en 1032 priva les pays de l’actuelle Suisse occidentale d’une autorité centrale et incontestée pendant environ deux siècles (jusqu’à l’arrivée des comtes de Savoie) et laissa libre cours aux jeux d’influences des familles seigneuriales et des évêques de Lausanne et de Genève. L’autorité des empereurs du Saint-Empire germanique était davantage nominale qu’effective. La famille Zähringen n’est jamais arrivée à s’implanter durablement dans la région. Elle s’éteindra en 1218. Jusqu’alors, l’histoire des premiers Hohenstaufen avait été délaissée au profit des grandes personnalités de la famille – Frédéric Ier Barberousse (1122–1190) et Frédéric II (1194–1250) –, dont le dernier représentant Conrad V (Conradin) fut décapité en 1268.

Même s’il résulte de la publication des actes d’un colloque, organisée à Munich, les 24–25 mars 2004, l’ouvrage présente des allures d’une monographie, fortement documentée et illustrée, conduite par des historiens de la jeune génération sur une période délaissée par l’historiographie française, mais encore largement plongée dans les clichés et dans l’ombre. Les buts de la rencontre de 2004, rappelés dans l’introduction, étaient les suivants: (re)considérer les débuts de la famille de Hohenstaufen, selon des approches interdisciplinaires et sur un examen méticuleux et critique des sources d’archives et des fouilles archéologiques? Origine alsacienne ou souabe de cette famille? En quoi les constructions historiques des origines de Frédéric Ier Barberousse, données par Otton de Freising (vers 1112–1158) en 1157 dans les Gesta Friderici, ont manipulé les faits et ont pollué les recherches historiques? Pourquoi les échecs dans un premier temps au trône impérial de Conrad III? Comment s’est manifestée la montée en puissance des membres de la famille de Hohenstaufen en relation avec la royauté salienne et les autres familles allemandes, en particulier durant la Querelle des Investitures, et comment s’est-elle construite? Comment la force de ces nouveaux dynastes dans la quête du pouvoir impérial s’est-elle exprimée dans la construction des premiers châteaux et quels échos la littérature populaire en fournit? Autant de questions abordées dans une démarche collective (12 contributions) et deux articles fournis pour les besoins de la publication (Hubertus Seibert et Sebastian Scholz). La période temporelle retenue: du premier membre important de la famille, Frédéric, qui construisit le château de Hohenstaufen vers 1080 et qui reçut en 1079 les duchés de Souabe et de Franconie de l’empereur Henri IV dont il avait marié la fille, à Frédéric Ier Barberousse, roi des Romains et d’Italie depuis 1152.

Hubertus Seibert («Die frühen Staufer: Forschungsstand und offene Fragen», pp. 1–39) introduit l’ouvrage en faisant l’état des acquis historiographiques et en dressant la nomenclature des interrogations qui attendent leur réponse. Les résultats des recherches sont rassemblés dans le chapitre terminal de la publication (Claudia Zey, «Grafen, Herzöge, Könige. Der Aufstieg der frühen Staufer und das Reich [1079–1152]», pp. 409–423). Certes toutes les réponses n’ont pas pu être livrées, mais de nombreuses sont fondamentales et surprenantes. Elles débouchent sur des appels à reprendre urgemment l’examen du règne de Conrad III (1093–1152), premier dynaste de la famille Hohenstaufen à obtenir le rang d’empereur en 1138, quoique irrégulièrement, et des liens entretenus par l’empereur Henri V (1081–1125) avec les famille aristocrates.

Même si le sommaire n’est pas conçu en ces termes, il permet de dégager trois groupes de contributions, avec des recoupements entre chacun des groupes. Une première catégorie de contributions est formée par les recherches sur les origines de la famille de Hohenstaufen, avec des éléments probables, même s’ils ne sont pas tous vérifiés, d’une origine alsacienne et avec des possessions autour de Schlettstadt, sur les politiques matrimoniales et d’achat de terres pour se constituer un patrimoine, sans oublier les stratégies dans les fondations de monastères, les patronages de chapelles et les rapports avec les évêques. Le monastère bénédictin de Lorch, dans le Bade-Wurtemberg, fondé avant 1102, abrite les sépultures des premiers Hohenstaufen et présente dans la salle capitulaire sous forme d’un tableau l’histoire tourmentée de la famille de ses fondateurs. Plusieurs démentis sont apportés aux recherches généalogiques parues jusqu’alors, imprégnées des affirmations d’Otto de Freising (voir Tobias Weller, «Auf dem Weg zum staufischen Haus: Zu Abstammung, Verwandtschaft und Konnubium der frühen Staufer», pp. 41–63; Daniel Ziemann, «Die Staufer – Ein elsässisches Adelgeschlecht?»; Gerhard Lubich, «Territorien, Kloster- und Bistumspolitik in einer Gesellschaft im Wandel. Zur politischen Komponente des Herrschaftsaufbaus der Staufer vor 1138», pp. 179–211; Lars Hageneier, «Die frühen Staufer bei Otto von Freising, oder Wie sind die Gesta Friderici entstanden?», pp. 363–396).

Un deuxième groupe de contributions est constitué par les relations des membres de la famille de Hohenstaufen avec la royauté et l’aristocratie. Ainsi Heinz Krieg («Adel in Schwaben: Die Staufer und die Zähringer») montre les rivalités, souvent amplifiées par les auteurs des études sur les Hohenstaufen, et les destinées de ces deux familles, l’une confinée à la Souabe, l’autre, les Zaehringen, au nord de la Suisse dont la montée en puissance au XIe siècle est remarquable, bien plus rapide que celle des Hohenstaufen. L’étude ne porte pas sur les possessions des ducs de Zaehringen en Suisse. Jürgen Dendorfer («Fidi milites? Die Staufer und Kaiser Heinrich V.», pp. 213–265), démontre que les Hohenstaufen n’ont pas joué un rôle aussi important que ce qui a été prétendu, auprès de la famille impériale, les dynastes saliens; le duc de Souabe, Frédéric II Le Borgne (1090–1147), duc d’Alsace et duc de Souabe, a compté même parmi les opposants de l’empereur Henri V (de 1125 à 1137), en espérant des compensations de son attitude de la part de la Papauté.

La troisième catégorie de contributions regroupe les études consacrées à Conrad III, né en 1093, duc de Franconie, puis roi des Romains et roi d’Italie (1138–1152). Il fut duc de Bavière (1141–1143), et un des chefs de la Deuxième Croisade, aux côtés du roi de France Louis VII, en 1147–1149. Jan Keupp («Interaktion als Investition. Überlegungen zum Sozialkapital König Konrads III.», pp. 299–321) montre que Conrad III a joui d’un large consentement dans sa démarche initiale, il a dû par la suite braver les échecs de la croisade et affronter les oppositions d’Henri le Lion (1129/1131–1195), duc de Saxe, depuis 1142, et duc de Bavière, à partir de 1156, et des dynastes des Guelfes. Werner Hechberger («Konrad III. – Königliche Politik und staufische Familieninteressen?», pp. 323–340) porte son intérêt sur les notions de lignage et de fondation de monastère. Il se consacre principalement aux parents de Conrad III, des dynastes de Babenberg. Knut Görich «Wahrung des honor. Ein Grundsatz im politischen Handeln König Konrads III.», pp. 267–297) s’attache à décortiquer un des principes de l’action politique de Conrad III. Trois contributions de démarche différente, archéologique, artistique et littéraire, sont à inclure dans cette dernière catégorie d’articles: Mathias Hensch («Baukonzeption, Wohnkultur und Herrschaftsrepräsentation im Burgenbau des 11./12. Jahrhunderts in Nordbayern – neue Erkenntnisse der Archäologie», pp. 135–178), fait de nouvelles constatations sur l’architecture des châteaux construits par les Hohenstaufen, alors que Sebastian Scholz («Die Wiener Reichskrone. Eine Krone aus der Zeit Konrads III.?», pp. 341–362) raccroche un des éléments de la couronne impériale au règne de Conrad III. Monika Winterling («Zur Darstellung Heinrichs V. und Lothars III. in der deutschen Kaiserchronik des 12. Jahrhunderts», pp. 397–408) ouvre la recherche sur deux empereurs avec lesquels les dynastes de Hohenstaufen, en particulier Conrad III, ont eu des relations conflictuelles, jusqu’à se faire priver du trône impérial: Henri V (1081–1125), des dynastes saliens, fut roi de Germanie entre 1101 et 1111, roi d’Italie et empereur du Saint-Empire germanique, de 1111 à 1125, et empereur du Saint-Empire germanique. Lothaire III (1060–1137), de son côté, de la Maison d’Este, devint empereur en 1133, en plus d’être duc de Saxe (1106–1137) et roi des Romains (1125–1132); il avait combattu victorieusement plusieurs prétendants, grâce au soutien de la Papauté et de son frère, Henri le Superbe, duc de Bavière.

La nouvelle publication sur les Hohenstaufen fera date à l’évidence; elle ne conclut pas la recherche, mais lui fournit désormais des soubassements solides et stimulants sur une famille qui d’abord d’importance régionale est devenue une des principales familles allemande et européenne au XIIe et XIIIe siècles. Parmi les futurs auteurs se retrouveront nécessairement ceux qui ont participé au présent ouvrage.

Citation:
Gilbert Coutaz: Compte rendu de: Hubertus Seibert, Jürgen Dendorfer (Hg.): Grafen, Herzöge, Könige. Der Aufstieg der frühen Staufer und das Reich (1079–1152). Ostfildern, Jan Thorbecke Verlag, 2005. Première publication dans: Revue suisse d’histoire, Vol. 57 Nr. 2, 2007, pages 220-222.

Redaktion
Veröffentlicht am
16.02.2012
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Die Rezension ist hervorgegangen aus der Kooperation mit infoclio.ch (Redaktionelle Betreuung: Eliane Kurmann und Philippe Rogger). http://www.infoclio.ch/
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